OMBRES & LUMIERES On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux... |
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| STAR WARS ÉPISODE III : LA REVANCHE DES SITH | |
| | Auteur | Message |
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Horus Oscar
Nombre de messages : 198 Age : 52 Points : 127 Date d'inscription : 11/08/2006
| Sujet: STAR WARS ÉPISODE III : LA REVANCHE DES SITH Ven 11 Aoû - 12:33 | |
| Une extraordinaire aventure de 28 années s'achève en haut des marches du Palais du festival de Cannes pour George Lucas, si on met de côté les futures et diverses exploitations commerciales directes ou dérivées. Star Wars laissant rarement indifférent, nombreux sont ceux qui regarderont La revanche des Sith avec de gros à priori. Pour bien situer cet avis, il faut savoir que si l'auteur de ces lignes est un fan de la première heure, il fut loin d'être totalement convaincu par les deux précédents chapitres.
George Lucas sait qu'il s'adresse à des centaines de millions de spectateurs qui connaissent les deux trilogies et leurs personnages, et ne perd pas de temps à nous plonger au cœur de l'action, dans une scène d'ouverture longue d'une vingtaine de minutes, montrant au passage les progrès incessants et spectaculaires d'ILM. Qui pourrait cette fois leur voler l’Oscar des meilleurs effets spéciaux, accordés en 2000 à Matrix et en 2003 au Seigneur des Anneaux : Les deux tours ? 2006 sera leur année !
Du côté des personnages, pas de mauvaise surprise, Jar-Jar Binks est bel et bien resté au placard. Chewbacca et ses cousins Wookies font une apparition un brin trop courte mais suffisante pour faire rugir de plaisir. Oubliant les scènes à la Muppet Show qu’il affectionnait un peu trop dans la nouvelle trilogie, Lucas dirige vers un chemin plus sombre ses comédiens. Naturellement plus à l'aise dans ce registre, ils en deviennent d'autant plus attachants. Plus question de faire des mimiques forcées devant des marionnettes en pleine rue Sésame, l'heure n'est pas à la rigolade. Rares sont les éclats de rire (surtout provoqués par nos droïdes préférés, C-3PO et R2-D2), qu'on peut compter sur les doigts d'une main.
La tragédie bat son plein, d'une intensité égale à celle de L'Empire contre-attaque, tant les enjeux sont immenses. La prise de pouvoir des Sith, la désolante défaite des Jedi, la mort annoncée de Padmé lors de son accouchement, le passage d’Anakin dans le côté obscur de la Force, tous ces évènements sont développés minutieusement, sans longueur (les 2h20 passent même trop rapidement), avec un grand sens du crescendo dans le drame. L’histoire est simplement riche et ambitieuse.
Le génie de Lucas est de réussir à nous passionner pour un scénario dont on connait la fin depuis des années. L'homme sait ce que veut voir le public, lui offre et arrive même à surprendre grâce à de malignes idées de mise en scène et de montage. La naissance de Luc et Leïa en est le parfait exemple, devenant immédiatement une scène d'anthologie digne de ce nom.
Lucas possède aussi une faculté extraordinaire de se renouveler dans les scènes d’action, apportant toujours de nouveaux éléments pour les rendre uniques. Les combats de sabres lasers sont tous de très haut niveau, avec notamment le Général Grievous qui en manie quatre en même temps contre Obi-Wan, faisant oublier aussitôt les décevants duels de ce dernier contre Darth Maul et dans une moindre mesure, Dooku. Quant à son combat final au-dessus de la lave contre Anakin devenu Dark Vador (toujours sans son armure), il est inoubliable par son contexte et sa chorégraphie.
Contre-indiqué pour les plus jeunes spectateurs par Lucas himself en accord avec la MPAA (Motion Pictures Association of America), La revanche des Sith montre en effet quelques plans qui n’auraient pas figuré dans L’île aux enfants. Le cœur visible un instant de Grievous n'est pas sans rappeler celui arraché dans Indiana Jones et le temple maudit. Clin d'oeil rigolo à son ami Steven Spielberg et peut-être pour annoncer qu'il n'oublie pas son Indiana chéri (à l'origine, le nom de son chien).
Le PG 13 américain - interdit aux moins de treize ans non accompagnés - semblait encore moins inévitable à la fin, lorsque Anakin, défiguré par la lave souffre au plus haut point. Évidemment, on ne plonge pas dans le gore salissant, mais ces images risquent de plus heurter la sensibilité des chérubins qu'elle ne l'avait été avec les Ewoks du Retour du Jedi... Le massacre des novices Jedi ne sera que suggéré mais trop tard, le malaise s'est installé. Dans le puritanisme de certaines critiques à venir, nous ne tomberons pas. Star Wars aura toujours ses irréductibles détracteurs, qui n'empêcheront pas La Revanche des Sith d'être un triomphe, sa carrière au box-office s'annonçant faramineuse.
Par ailleurs, la musique de John Williams est formidable, surpassant elle aussi les deux précédentes, n’ayant pas l’occasion de tomber cette fois dans une relative lourdeur voire niaiserie. Jamais elle ne pousse à l’émotion, elle refait partie intégrante de toutes les scènes, sans jamais en faire trop. (lisez l’article de Fabien Braule consacré à la bande-originale)
Que désirer de plus pour s’évader ? Le cocktail d'action, de romance, de tragédie, de suspense et d'imaginaire a rarement été aussi bien mixé, même dans la saga Star Wars, parvenant à se disputer avec les Épisodes IV & V le titre de meilleur opus de la série. S’il restera tout de même un cran derrière dans le cœur des fans, c’est juste parce qu’il manque un certain Han Solo, irremplaçable. Peu importe si cette seconde trilogie n’a pas été aussi fascinante que la première, les pièces du puzzle qu’elle a apporté la rend essentielle, et se moule dans l’incroyable édifice cinématographique qu’a bâti l’architecte George Lucas. Une œuvre dont on parlera encore dans les siècles à venir, tant que le cinéma existera.
Dernière édition par Horus le Dim 1 Juin - 0:00, édité 2 fois | |
| | | Héra Superstar
Nombre de messages : 53 Age : 40 Points : 0 Date d'inscription : 11/08/2006
| | | | Croco113 Figurant
Nombre de messages : 9 Age : 35 Points : 0 Date d'inscription : 05/03/2008
| Sujet: Re: STAR WARS ÉPISODE III : LA REVANCHE DES SITH Sam 31 Mai - 23:41 | |
| « La guerre des étoiles », épisode 3
Une revanche de la finance mondiale En compétition avec le christianisme, le bouddhisme tendance New Age fait l’objet d’un certain engouement. Comme une tentative de rendre acceptable l’essor du capitalisme financier et le stress lié aux progrès technologiques. Même le réalisateur George Lucas n’échappe pas à cette influence. En témoigne « La Revanche des Sith », le dernier-né de la saga de « La Guerre des étoiles », sorti le 18 mai en France. En livrant enfin, dans La Revanche des Sith (épisode 3 de la « première trilogie »), le moment crucial de toute la saga de La Guerre des étoiles, à savoir la transformation du « gentil » Anakin en « méchant » Dark Vador, le réalisateur George Lucas établit un parallèle entre l’individu et la politique. A l’échelon de l’individu, l’explication relève d’une sorte de bouddhisme pop : « Il se transforme en Dark Vador parce qu’il s’attache aux choses, explique Lucas. Il n’arrive pas à se séparer de sa mère. Il n’arrive pas à se séparer de sa petite amie. Il n’arrive pas à renoncer aux objets. Cet attachement le rend avide. Et quand vous êtes avide, vous êtes sur la voie du côté obscur parce que vous avez peur de perdre ce que vous possédez. » L’Ordre des Jedi apparaît, en opposition, comme une communauté masculine fermée, interdisant à ses membres toute attache, comme une nouvelle version de la communauté du Graal célébrée par le compositeur Richard Wagner dans Parsifal.
L’explication politique est encore plus révélatrice : « Comment la République s’est-elle transformée en Empire ? (Question parallèle : comment Anakin est-il devenu Dark Vador ?) Comment une démocratie se transforme-t-elle en dictature ? Ce n’est pas parce que l’Empire a conquis la République, c’est parce que l’Empire est la République. » L’Empire naît de la corruption inhérente à la République : « Un beau jour, raconte Lucas, la princesse Léia et ses amis se sont réveillés en se disant : "Ce n’est plus la République, c’est l’Empire. Nous sommes les méchants". »
Nous aurions tort de négliger les connotations contemporaines de la référence à la Rome antique dans cette transformation des Etats-nations en Empire global. Il faut donc situer la problématique de La Guerre des étoiles (le passage de la République à l’Empire) précisément dans le contexte qu’ont décrit Antonio Negri et Michael Hardt dans leur livre L’Empire, et le passage de l’Etat-nation à un empire mondial.
Les allusions politiques dans La Guerre des étoiles sont multiples et contradictoires. Elles confèrent à cette série son pouvoir « mythique » : monde libre contre Empire du Mal ; débat sur l’Etat-nation convoquant les thèses de M. Pat Buchanan ou de M. Jean-Marie Le Pen ; contradiction poussant des personnes de rang aristocratique (princesse, membres de l’Ordre élitiste des Jedi) à défendre la République « démocratique » contre l’Empire du Mal ; et enfin cette prise de conscience essentielle du « nous sommes les méchants ».
Comme le disent ces films, l’Empire du Mal n’est pas ailleurs ; son apparition dépend de la façon dont nous, les « bons », nous le renverserons. Et cette question concerne l’actuelle « guerre contre le terrorisme » : comment celle-ci va-t-elle nous transformer ?
Un mythe politique n’est pas une narration dotée d’une signification politique déterminée, mais un contenant vide dans lequel on verse une multitude de significations contradictoires. La Menace fantôme, épisode 1 de La Guerre des étoiles, fournit un indice crucial : les caractéristiques « christiques » du jeune Anakin– sa mère prétend qu’il est né d’une « conception immaculée », et la course qu’il gagne évoque manifestement la célèbre course de chars de Ben Hur, ce « conte du Christ ».
L’univers idéologique de La Guerre des étoiles renvoie à l’univers païen du New Age. Il est donc logique que la figure centrale du Mal fasse écho à celle du Christ. Dans une vision païenne, l’avènement du Christ est le scandale suprême. Dans la mesure où diabolos (séparer, déchirer) est le contraire de symbolos (rassembler, unifier), le Christ lui-même devient une figure diabolique, en ce sens qu’il apporte « le glaive et non la paix » et trouble l’unité existante. Selon l’évangéliste Luc, Jésus aurait déclaré : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »
Amour chrétien, compassion bouddhiste Il faut garder à l’esprit que la position chrétienne est hétérogène par rapport à celle de la sagesse païenne. Le christianisme à ses débuts tient pour l’acte le plus élevé ce que la sagesse païenne condamne comme source du mal, à savoir le geste de séparer, de diviser, ou de se raccrocher à un élément qui compromet l’équilibre de tous.
Cela signifie qu’il faudrait opposer la compassion bouddhiste – ou taoïste– à l’amour chrétien. La position bouddhiste est, en fin de compte, celle de l’indifférence — état dans lequel toutes les passions sont réprimées —, tandis que l’amour chrétien est une passion visant à introduire une hiérarchie dans l’ordre des relations aux êtres. L’amour est violence et pas seulement au sens du proverbe balkanique selon lequel « s’il ne me bat pas, c’est qu’il ne m’aime pas » , la violence de l’amour conduit à arracher un être à son contexte.
En mars 2005, le cardinal Tarcisio Bertone, sur les ondes de Radio Vatican, a fait une déclaration condamnant de la manière la plus ferme le roman Da Vinci Code, de Dan Brown, accusé de reposer sur des mensonges et de propager des enseignements erronés (à savoir que Jésus aurait épousé Marie Madeleine et en aurait eu des descendants...). Le ridicule de la démarche ne doit pas nous faire oublier que le contenu de sa déclaration est, au fond, correct : Da Vinci Code inscrit le christianisme dans le New Age sous la rubrique de l’équilibre entre principes masculin et féminin...
Pour en revenir à La Revanche des Sith, le film paie son allégeance à ces thèmes du New Age non seulement par sa confusion idéologique, mais aussi par sa médiocrité narrative : la transformation d’Anakin en Dark Vador, moment capital de toute la saga, n’atteint pas à la grandeur tragique qui conviendrait. Au lieu de se concentrer sur l’orgueil d’Anakin comme désir irrésistible d’intervenir, de faire le bien, d’aller jusqu’au bout pour ceux qu’il aime (Amidala) et, par conséquent, de sombrer dans le côté obscur, Anakin est simplement présenté comme un combattant indécis, qui glisse vers le mal en cédant à la tentation du pouvoir et en tombant sous la coupe du mauvais empereur. Autrement dit, George Lucas n’a pas la force de mettre réellement en oeuvre les parallèles République-Empire et Anakin-Dark Vador. C’est l’obsession même d’Anakin pour le mal qui le transforme en monstre...
Quels parallélismes en tirer ? Au moment où la technologie et le capitalisme « européens » triomphent à l’échelle planétaire, l’héritage judéo-chrétien, comme « superstructure idéologique », semble menacé par l’assaut de la pensée « asiatique » du New Age.
Le taoïsme est en passe de devenir l’idéologie hégémonique du capitalisme mondial. Une sorte de « bouddhisme occidental » se présente désormais comme le remède contre le stress de la dynamique capitaliste. Il nous permettrait de décrocher, de garder la paix intérieure et la sérénité, et fonctionnerait en réalité comme un parfait complément idéologique.
Les gens ne sont plus capables de s’adapter au rythme du progrès technologique et des bouleversements sociaux qui l’accompagnent. Les choses vont trop vite. Le recours au taoïsme ou au bouddhisme offre une issue. Au lieu de tenter de s’adapter au rythme des transformations, mieux vaut renoncer et « se laisser aller » en gardant une distance intérieure vis-à-vis de cette accélération qui ne concerne pas vraiment le noyau le plus profond de notre être...
On serait presque tenté de ressortir, pour l’occasion, le cliché marxiste sur la religion comme « opium du peuple », comme supplément imaginaire à la misère terrestre. Le « bouddhisme occidental » apparaît ainsi comme la manière la plus efficace de participer pleinement à la dynamique capitaliste tout en gardant l’apparence de la santé mentale.
S’il fallait chercher un pendant à l’épisode 3 de La Guerre des étoiles, on serait tenté de proposer le documentaire d’Alexander Oey, Sandcastles. Buddhism and Global Finance (« Châteaux de sable. Le bouddhisme et la finance mondiale », 2005), indicateur merveilleusement ambigu de la difficulté de notre situation idéologique, qui entremêle les commentaires de l’économiste Arnoud Boot, de la sociologue Saskia Sassen et de l’enseignant bouddhiste tibétain Dzongzar Khyentse Rinpoche.
Saskia Sassen et Arnoud Boot discutent de l’étendue, du pouvoir et des effets de la finance mondiale. Les marchés des capitaux peuvent, en quelques heures, faire monter ou anéantir la valeur de sociétés ou d’économies entières. Khyentse Rinpoche leur oppose des considérations sur la nature de la perception humaine : « Libérez-vous de vos attaches à ce qui n’est qu’une perception et n’existe pas en réalité », déclare-t-il. De son côté, Saskia Sassen affirme : « La finance mondiale est essentiellement un ensemble de mouvements continus. Cela disparaît et réapparaît. »
Dans la vision du bouddhiste, l’exubérance de la richesse financière mondiale est illusoire, coupée de la réalité objective : la souffrance humaine engendrée par les transactions qui s’opèrent dans les salles des marchés et des conseils d’administration invisibles à la plupart d’entre nous. Quelle meilleure preuve peut-il y avoir du caractère non substantiel de la réalité qu’une gigantesque fortune pouvant se réduire à rien en quelques heures ? Pourquoi déplorer que les spéculations sur les marchés à terme soient « coupées de la réalité objective » alors que le principe fondamental de l’ontologie bouddhiste énonce qu’il n’y a pas de « réalité objective » ?
Ce documentaire fournit ainsi la clé de La Revanche des Sith. La leçon critique à retenir, c’est que nous ne devons pas nous engager corps et âme dans le jeu capitaliste, mais que nous pouvons le faire... en gardant une distance intérieure. Car le capitalisme nous confronte au fait que la cause de notre asservissement n’est pas la réalité objective en tant que telle (qui n’existe pas), mais notre désir, notre avidité pour les choses matérielles et l’attachement excessif que nous leur portons. Par conséquent, ce qui nous reste à faire est de renoncer à notre désir pour adopter une attitude de paix intérieure...
Pas étonnant qu’un tel bouddhisme-taoïsme puisse fonctionner comme complément idéologique de la globalisation libérale : il nous permet d’y participer tout en gardant une distance intérieure... Capitalistes oui, mais détachés, zen... | |
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