Ghost in the Shell, de Mamoru Oshii (1995)"Par moments, l'Homme a besoin de prendre le temps et de s'arrêter pour réfléchir... et cela, seul l'Homme est capable de le faire..." (Masamune Shirow)
La France est le deuxième pays consommateur de mangas au monde, après le Japon. Malgré cela, ces derniers n'ont jamais vraiment intéressé le grand public, à cause de leur soi-disant mauvais goût. Heureusement pour les fans, un film arriva, et son message philosophique surprit beaucoup de personnes.
Surprenant d'intelligence, Ghost in The Shell fit entrer les mangas en France dans une nouvelle ère de maturité...
2029. La technologie a envahi le monde.
En 1998, une neuro-puce évolutive a été créée à la cité scientifique d'Harima au Japon. Ces micro-machines furent utilisées comme "cyber-cerveaux" auxiliaires, et sont désormais employées en intelligence artificiel et en robotique.
Ce monde, où l'information à outrance règne en maître, vit l'apparition d'une nouvelle forme de criminalité non déterminée, incarnée par d'intelligents pirates informatiques.
Le major Mokoto Kusanagi et son équipe font partie d'une section gouvernementale non-officielle de force d'élite composée de cyborgs. Leur mission est d'intervenir sur de graves et importants problèmes.
Dans l'immédiat, ils doivent faire face au "Puppet Master", pirate informatique hackant les ghost de personnalités politiques par l'intermédiaire de "marionnettes", et cela dans le seul but d'échapper à un sombre projet gouvernemental...
Thématiquement, Ghost in the Shell est fascinant. Le scénario déambule entre politique, science-fiction, action et métaphysique. Bien entendu, de ce métissage thématique résulte un scénario assez compliqué, mais ô combien intéressant : on se voit plonger dans un obscur complot politique mettant en scène politiciens véreux et corps cybernétiques au service du gouvernement, aux âmes perdues et bercées d'illusions par une entité mystérieuse cherchant impassiblement des réponses à sa propre existence...
Du grand art !
Un homme se cache derrière tout ceci : Masamune Shirow. Ce mangaka, spécialiste des histoires politico-fantastiques, créa la BD la plus complexe, la plus intelligente, mais aussi la plus déroutante que l'on ait alors connu. Sorti en 1991, créé deux ans plus tôt, Ghost in the Shell eut un succès critique et commercial indéniable. Il aurait été impossible que ce chef d'ouvre n'eut pas été porté au cinéma. Un homme le fit, Mamoru Oshii.
Réalisateur, scénariste, designer, écrivain, Mamoru Oshii, génial auteur de Jin-Roh, adapte en 1995 l'ouvre éponyme de Masamune Shirow. C'est la claque. Le réalisateur de Avalon confectionne un film quasi parfait. La mise en scène pourrait être qualifiée de "force tranquille". Les scènes d'action sont calmes ; les scènes d'accalmie sont nerveuses. Un tel rendu est objectivement époustouflant... Un tour de force pour un film d'animation !
Malheureusement, tout n'est pas parfait... En effet, l'animation n'est pas toujours à la hauteur de nos espérances. La caméra est parfois très, voire trop statique lors de certaines scènes de dialogue. Parfois, ce choix se justifie, alors que d'autres fois, il parait plus arbitraire. Mais n'ayez crainte, le reste bouge admirablement bien.
En ce qui concerne la musique, point essentiel dans la réalisation d'un film, Ghost in the Shell peut se vanter de jouer une fois de plus la carte de l'originalité. Le thème du film se hisse d'ailleurs parmi les plus incroyables jamais entendues. Kenji Kawaï, grand ami de Mamoru Oshii, à composé un thème sidérant.
Sidérant tout d'abord dans les chours : des voix de femmes chantent en japonais d'une façon divine, et parfois presque hypnotique (on se croirait à l'opéra).
Les autres compositions du film ne sont pas de simples mélodies, mais de vraies musiques d'ambiance. Les sonorités sont très modernes, à l'instar du film. Le tout est composé au synthétiseur et laisse une énorme place aux percussions, dont Kenji Kawaï a une maîtrise totale. Le tout est comme le thème du film, c'est-à-dire hypnotisant et profondément... humain !
Oui, vous avez bien lu... Ce film est, sur tous les points, très "humain". Un paradoxe pour un film mettant en scène des cyborgs sur fond synthétique !
Quoi qu'il en soit, Ghost in the Shell fait date dans l'industrie du cinéma, admiré par des grands noms comme les frères Wachowski (Matrix) ou James Cameron (Terminator). Ce dernier avait d'ailleurs exprimé son désir de faire de Ghost in the Shell un film "live".
Une grande et belle réussite de la part de nos amis japonais, prouvant ici que les dessins-animés peuvent rivaliser sans problème avec les plus grands films de science fiction...
Un classique !